L’histoire de la « marque » Arnold 1.2.3.
(1985/1989)
L’histoire d’Arnold 1.2.3. (traduction de mes trois prénoms et de mon nom de famille) commence en 1985, lors d’une fête à Yerres, où je rencontre une jeune femme, Sylvie Ugolini. Les circonstances précises de cette rencontre se sont estompées avec le temps, mais une forte amitié nous lie rapidement. Chez Sylvie, je découvre une générosité, un allant, une sympathie communicative qui m’ouvre de belles perspectives.
Je suis particulièrement sensible à son style vestimentaire, à une époque où je cherche moi-même à me distinguer, sans avoir les moyens d’acheter les vêtements qui me plaisent. Sylvie coud, et c’est elle qui me donne l’impulsion d’essayer à mon tour. Ma mère, sur les conseils d’une amie, a acheté une machine à coudre dont elle ne se sert pas. J’en profite et me rends au Marché Saint-Pierre, au pied de la butte Montmartre, pour acheter un coupon de satin noir et me confectionner un premier pantalon. Totalement novice, je couds les deux jambes ensemble. Cet échec ne m’arrête pas : je persévère et commence à me fabriquer des vêtements, que je porte d’abord pour des occasions spéciales (soirées dansantes, discothèques, carnaval…), puis au quotidien.
Sylvie est témoin de cette transformation et m’encourage. Mais au printemps 1985, elle quitte Yerres et la France pour rejoindre son père à Senigallia, une petite ville des Marches, en Italie. Son départ m’attriste et elle manque à notre bande d’amis, mais nous entretenons une correspondance. Elle me parle de ses amis, notamment d’Enrico Castelli, styliste. Rapidement, elle m’invite à venir les rejoindre en août pour un mois de vacances. Un défilé d’Enrico est prévu à Ancône, sur le thème de l’Égypte, et il m’offre la possibilité d’en assurer la première partie.
Je saisis l’opportunité et couds frénétiquement vingt pièces. Avec un groupe d’amis français, nous prenons un train de nuit depuis la gare de Lyon, direction Senigallia (via Domodossola, Milan, Bologne, Rimini… en train direct). Sur place, nous louons un rez-de-chaussée proche de la mer.
Je fais la connaissance d’Enrico et de son amie Angela Allegrezza, dont la réputation la précède : “Fotomodella dell’anno”. Une magnifique jeune femme brune, à laquelle je m’attache immédiatement. Grace à ces nouvelles rencontres, un monde s’ouvre à moi : soirées, défilés, nuits électrisantes dans les discothèques vrombissantes de la côte adriatique, véritable épicentre de la fête en Italie centrale.
Je participe comme mannequin à un défilé d’Enrico à la Capannina, discothèque de Torette di Fano, et organise avec lui celui d’Ancône. C’est là que je pose les bases de ce qui deviendra le principe de mes présentations : un spectacle en tableaux, où les vêtements sont mis en scène dans des scénettes chorégraphiées, accompagnées de musique.
Peu à peu, je me détache de Sylvie et des amis français qui m’avaient accompagné – même s’ils participent comme mannequins au défilé d’Ancône. Je suis absorbé par l’univers d’Angela et d’Enrico, qui m’ouvrent les portes d’un monde d’artifice et d’effervescence artistique, où se mêlent mode, photographie, danse et musique. Je fais aussi la rencontre de Renzo Quarto, DJ qui me fait découvrir la musique italienne des années 70, qu’il fusionne avec les premiers sons de house music, dont il est l’un des promoteurs en Italie.
Je rentre en France galvanisé. Ma relation avec Angela se poursuit par correspondance, et je me plonge avec passion dans la couture. D’abord pour moi-même, puis pour bâtir une "collection" que je présente sous forme de défilés, principalement dans des discothèques.
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