Workshop du 12 au 16 juin à Nice, Villa Arson, du 19 au 23 à Paris, ENSA-PB 11 étudiants (3ème année, Master) de l’ENSA-PB. 7 étudiants (1ère et 4ème année) de la Villa Arson.
ENSEIGNANTS/INTERVENANTS : Bita Azimi (architecte), Jean-François Renaud (architecte), Arnold Pasquier (cinéaste), Marc Barani (architecte), Christian Vialard (artiste), Éric Mangion (responsable formation artistique), Hélène Guénin (directrice du MAMAC), Anna de Manicor (collectif Zimmerfrei), Marc Sosson (Observatoire de la Côte d'Azur).
ÉTUDIANTS : Lucia Gonzalez Garrido, Arthur Vincent, Arthur Rigaud, Jutia Mabily, Jacob Madry, Benjamin Blom, Zuzanna Winiarska, Heloise Martin, Olga Wedrychowska, Laurent la Rosa, Ivo Rodrigues Leitao, Theophane Catelli, Aline Caune, Camille Nguyen, Xu Chen Zhan.
Territoire. Art. Architecture. Ces trois thèmes sont au cœur d’un travail exploratoire mené sur le quartier de La Madeleine à Nice, dans le cadre d'une collaboration étroite entre la Villa Arson et l’École nationale d'architecture de Paris- Belleville.
Durant deux semaines, quinze étudiants se sont intéressés à des thématiques qu’ils se sont appropriées en arpentant ce fragment de ville, observé avec attention.
Les reliefs, l'usage de l'eau, la présence des infrastructures routières et ferroviaires et les différentes qualités des logements constitue, dans cette ancienne banlieue ouvrière, un riche terrain d’exploration pour les étudiants.
Inauguré par l’architecte Marc Barani, le workshop a accueilli artistes et professionnels dont les interventions ont permis aux étudiants d'envisager le grand paysage de Nice dans sa complexité et sa diversité et d’aboutir à une restitution scénographique présentée à l’ENSA Paris-Belleville.
Le workshop propose une rencontre avec la vallée de la Madeleine, à Nice, organisée par des visites, des conférences et un travail d’exploration thématique. La notion de déplacement est abordée comme une réflexion culturelle et sociale, une recherche au contact de l’espace naturel et urbain et où se déploient les engagements territoriaux contemporains. Le regard de l’étudiant est engagé et il aborde ces questions par une recherche sensible et personnelle. Il interprète la question et en fait une proposition plastique qui est son portrait d’un fragment de territoire, d’un lieu, d’un espace, d’une pratique ou d’un usage.
Le workshop propose une réflexion sur un territoire selon une méthode immersive qui utilise les moyens exploratoires du cheminement, du franchissement, de la marche, des moyens de transports afin de rendre compte d’un point de vue sensible et personnel de la réalité d’un paysage.
Modes de déplacements sont envisagés pour définir une cartographie des usages et du paysage :
- Les Infrastructures (réseaux ferrés, autoroutes, ponts, tunnels...).
- Les Chemins (routes, sentiers, usages des pentes, des hauteurs...).
- Le parcours de l’eau (cours d’eaux, rivières, canaux, buses, écoulements, irrigation, risques majeurs liés au paysages...).
L’approche du territoire et des thèmes s’engage de façon plastique. Les moyens de l’image et du son (photographie, vidéo, enregistrements), des arts-plastiques (croquis, dessins, peinture), (pastels-aquarelles, acrylique) produisent une esquisse, c’est le prototype d’une approche « en continu » pour s’affirmer ensuite, autour de la notion d’un projet envisagé comme somme de toutes ces recherches. C'est un temps d'expérimentations, orienté sur les questions de l'espace urbain, de la ville, de ses ambiances et de ses usages à partir d’un thème à choisir dans la liste suivante :
- Le corps, le mouvement dans le paysage ; passage, marche, individualité et communauté.
- L’espace urbain constitue un ensemble de signes (visuels, sonores) qui compose une phrase urbaine à déchiffrer.
- Les formes de l’eau, reflet, surfaces. Sa présence dans le paysage et ses usages.
- La frontière, limites et franchissements. La notion de confins. Expérience d’un paysage de lisière et de bordures.
Un paysage en camaïeu • Alice Caune
Comment expliquer la couleur ? La couleur est la perception que l’humain a de la lumière atteignant son œil directement ou après qu’elle ait réfléchie sur un objet. Voir la couleur est l’art de prendre conscience de sa présence, de ses différences, de ses variations, de ses lueurs. La contemplation possède le fidèle regard objectif qui se plonge dans la nature des choses. A la Madeleine, on utilise des tons camaïeux ou pastel, pour différencier les façades des décorations. Des teintes blanches ou crèmes pour les bâtiments plus complexes ou importants, par leur taille ou leur fonction. Enfin une teinte uniforme d’un ocre assez soutenu, pour les immeubles plus petits. Un fief sur les terres françaises et italiennes.
C’est ici que naissent ces traditionnelles façades peintes aux couleurs vives : rouge, ocre, roses, parfois bleues ou vertes, souvent artistiquement agrémentées de trompe l’œil. Dans les années 1910, l’architecte Bruno Taut livre sa conviction que la couleur pourrait améliorer la vie quotidienne des citadins : « Nous ne voulons plus construire de maisons tristes, écrit-il. La couleur, c’est la joie de vivre et, comme elle n’est pas aussi chère que les décorations en moulures et en relief, on peut la donner avec peu de moyens… ». A la Madeleine, comme dans tout Nice, la joie de vivre est partagée. S’il nous fallait estimer l’ampleur phénoménale de la couleur, il suffirait d’un coup d’œil pour s’en émerveiller.
C’est ici que naissent ces traditionnelles façades peintes aux couleurs vives : rouge, ocre, roses, parfois bleues ou vertes, souvent artistiquement agrémentées de trompe l’œil. Dans les années 1910, l’architecte Bruno Taut livre sa conviction que la couleur pourrait améliorer la vie quotidienne des citadins : « Nous ne voulons plus construire de maisons tristes, écrit-il. La couleur, c’est la joie de vivre et, comme elle n’est pas aussi chère que les décorations en moulures et en relief, on peut la donner avec peu de moyens… ». A la Madeleine, comme dans tout Nice, la joie de vivre est partagée. S’il nous fallait estimer l’ampleur phénoménale de la couleur, il suffirait d’un coup d’œil pour s’en émerveiller.
Vide est eau • Lucia Gonzalez, Garrido Zuzanna, Winiarska, Jacob Madry,
Olga Wedrychowska, Ivo Rodrigues Leitao
Olga Wedrychowska, Ivo Rodrigues Leitao
Le vide, le vidé, dépourvu de quelque-chose, nostalgie des choses qu’il n’y a pas. Non-rempli, non-occupé, non-défini, non-fini, non-agi, non-plein, non-quelque-chose. Vacances, vacance, vacant, manque dans cette terre des vacanciers. Nous avons filmé la vallée de la Madeleine à Nice afin d’enquêter sur les différentes qualités du vide. Cette vidéo qui cherche à savoir en quoi le vide est eau permet de plonger dans le paysage niçois avec cette angle d’attaque singulière, le vide dans la ville. La vallée de la Madeleine était un jour rivière, ruisseau, cours d’eau. Aujourd’hui l’eau asséchée a laissé l’érosion de la masse de la vallée et le cours du liquide a été repris par le vide. Vide repris par le cours des déplacements, par le cours des vies, a été habité peu à peu par les pleins construits comme dépôt. Pourquoi toute chose dans la ville, tout ce mouvement ne serait-il pas un liquide dans les quatre dimensions ? Pourquoi ces actions ne seraient-t-elles pas sur la croûte planétaire une simple érosion ? Pourquoi la seule chose qu’on habite est cette chose entre les choses ? Pourquoi l’ensemble des choses habite dans cette chose entre choses ? Comment classifier quelque chose qui n’est pas ? Quelle différence existe entre deux riens ? Pour saisir ce qui n’est pas, par définition négative, on recherchera ce qui contient ce rien qui pourtant est. C’est comme avec une forme et une contre forme. Ce qui n’est pas peut être intelligible par ce qui est autour du manque. Intérieur de la ville, extérieur de la ville, un tout conjugué par la qualité du vide.
La Madeleine souffre de ses vides. La Madeleine possède la richesse du vide. La Madeleine est érosion. La Madeleine veut des parcs, veut des vides contenants contenus pour l’habitant, elle veut un vide public, elle veut un jardin, elle veut des recoins agréables, elle veut faire monter le vide du boulevard en hauteur. Elle veut retrouver le lien avec le vide de la mer. La Madeleine veut retrouver le vide niçois. Elle veut être prolongement. La Madeleine veut un vide vivable, elle veut un vide ralenti, un vide protégé, un vide ombré, un vide partagé et qualitatif. Elle veut un vide qui fait tableau et qui donne sur le grand paysage méditerranéen. Elle veut un vide qui se libère du plein, qui fait comprendre le ciel, qui fait vivre la situation théâtrale de la vallée. Du moins c’est ce que nous avons compris en l’écoutant. Le vide à l’échelle de la ville a une qualité. Il peut être un creux dans le grand paysage qui abrite des vents et crée de l’ombre. Il peut être fruit d’un agencement des masses bâties, il peut aussi glisser entre des pleins et finalement être contenu par un clos. C’est ce vide qui crée la Madeleine à Nice. Il cherche sa place dans le pli topographique. Le ruisseau disparu a laissé un vide qui devint habitat humain, qui s’écoule comme toujours, vers la mer, le plus grand des vides devant les yeux formés par la terre.
Villa Mosca • Arthur Vincent Arthur Rigaud
Quand la mer et la montagnes se mettent à dialoguer pour raconter une histoire. L’installation Villa Mosca est une représentation en collaboration avec les Villa Arson qui capture l’atmosphère unique du parc Mosca à Nice. Composée de différents éléments, elle permet de contempler les caractéristiques remarquables de ce parc. Le nom Villa Mosca souligne la particularité de cet espace, où de nombreuses villas accrochées sur les sommets du paysage azuréen deviennent un symbole d’appropriation du territoire. Ces seuils sont le lien entre passage, habitants et façon de s’approprier la pente. Ici présentée sous la forme de séries de photographies, ces portes sont évocatrices du lien entre l’homme et la nature, entre la vie privée et le paysage environnant. La vidéo nourrit cette représentation. Elle nous plonge davantage dans l’ambiance du parc Mosca en mettant en mouvement les éléments qui le caractérisent : les petites routes sinueuses, les escaliers pour les piétons, les villas suspendue à la paroi et la vue imprenable sur la mer et l’horizon. L’iconographie utilisée dans cette installation se compose de fragments de travertin alignés. Ces fragments, symboles du parc Mosca, capturent visuellement la beauté et la tranquillité de cet espace, contrastant avec l’animation et le bruit du boulevard de la Madeleine.
Correspondances • Julia Mabily, Benjamin Blom, Heloise Martin, Laurent La Rosa, Théophane Catelli
Archipel du souvenir. Reliquat du passé. Ces mots résonnent, ils dissonent. Au travers de cette installation éphémère, les fragments se confrontent, s’entremêlent. La Madeleine, à Nice mais ailleurs, égrène les espoirs, les rêves, les réalités d’une mosaïque enclavée. Stratifications du quartier, ces écrans, sont les témoins incantatoires de notre immersion. Le long du boulevard, les creux invitent à l’égarement dans les méandres transversaux où paysages et récits diffèrent. Parcours d’une mémoire indélébile, venez vous perdre, flâner, écouter, sentir, et goûter La Madeleine. Dans la ville de Nice il y a un quartier ; dans ce quartier il y a un boulevard ; dans ce boulevard il y a un bar ; dans ce bar il y a une chaise ; sur cette chaise il y a un tissu ; sur ce tissu il y a un vieillard dans ce vieillard il y a une nostalgie ; dans cette nostalgie il y a un souvenir ; dans ce souvenir il y a une histoire ; dans cette histoire il y a La Madeleine. La Madeleine renversa l’histoire ;
L’histoire renversa le souvenir ;
Le souvenir renversa la nostalgie ;
La nostalgie renversa le vieillard ;
Le vieillard renversa le tissu ;
Le tissu renversa la chaise ;
La chaise renversa le bar ;
Le bar renversa le boulevard ;
Le boulevard renversa la ville de Nice.
L’histoire renversa le souvenir ;
Le souvenir renversa la nostalgie ;
La nostalgie renversa le vieillard ;
Le vieillard renversa le tissu ;
Le tissu renversa la chaise ;
La chaise renversa le bar ;
Le bar renversa le boulevard ;
Le boulevard renversa la ville de Nice.
Photographies de la présentation des quatre installations
Aurore Doudoux, Laurent La Rosa & Arnold Pasquier