2001 • Vidéo numérique • 4’17
avec Pina Bausch
Mixage : Vincent Roux
Pina Bausch danse et je filme.
Le titre de ce court métrage fait référence à la pièce chorégraphique de Mary Wigman, Abschied und Dank (Au revoir et merci, 1942), une œuvre fondatrice de l’expressionnisme allemand, qui influença Kurt Jooss, maître de Pina Bausch. Il renvoie à la fois à cette filiation chorégraphique et au geste d’adieu qui clôture le solo de Pina Bausch.
Pina Bausch dances, and I film.
The title of this short film refers to Mary Wigman’s choreographic piece, Abschied und Dank (Farewell and Thanks, 1942), a seminal work of German Expressionism that influenced Kurt Jooss, Pina Bausch’s mentor. It evokes both this choreographic lineage and the farewell gesture that concludes Pina Bausch’s solo.
L’histoire du tournage de ce film est intimement liée à un projet de documentaire sur le danseur Dominique Mercy, que j’ai porté pendant quatre ans avec le soutien de la productrice de l’INA Cati Couteau. Je souhaitais suivre la création d’un spectacle du Tanztheater en m’attachant à l’un de ses plus illustres interprètes. Mais le projet s’est enlisé, et c’est finalement au Mistral, le bistrot du Théâtre de la Ville, que Dominique Mercy m’annonça, en mangeant des spaghettis, que le film ne se ferait pas. Entre-temps, il avait accepté de participer au documentaire de Régis Obadia (Dominique Mercy danse Pina Bausch, 2003), plus classique et sans doute moins intrusif pour la compagnie.
À la fois soulagé de voir cette aventure trouver une issue et déçu par son abandon, j’ai emprunté une caméra vidéo à un ami. Puis, sacrilège, j’ai filmé en secret le solo « aux poissons » de Pina Bausch dans Danzón, alors à l’affiche (et que j’avais déjà vu en 1996). Les caméras de l’époque étaient peu sensibles aux basses lumières. Lors de la répétition générale, j’ai improvisé en activant le mode « bougie » d’une Sony, ce qui augmentait le grain et produisait un effet stroboscopique dû à une vitesse d’obturation lente. Finalement, lors de la représentation du 21 juin, plus assuré, j’ai filmé à nouveau le solo et monté ensuite ce plan-séquence comme un geste d’affirmation et d’affection.
Ce geste, à la fois réaction colérique et acte de liberté, marque l’émergence dans mon travail d’un ensemble de films courts, réalisés dans l’élan du désir et sans production. Grâce à Eva Truffaut et Tiziana Finzi, cet ensemble sera présenté au festival de Locarno en 2002 sous le titre RÉALISATIONS.
Le titre du film joue sur une double référence : une ironie discrète – un salut à l’artiste avec qui je n’ai pas réussi à m’entendre – et une citation, à la fois du geste d’au revoir répété par Pina Bausch et du titre d’une chorégraphie de Mary Wigman, Abschied und Dank (Au revoir et merci, 1942). Une œuvre fondatrice de l’expressionnisme allemand, mouvement dont le Tanztheater est l’héritier.
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