Un film de Vincent Dieutre
France, Allemagne | 2019 | 91 minutes | DCP
MUSIQUE ORIGINALE Nils FramhCamille de Toledo
PRODUCTION / DIFFUSION La Huit Production
Durant les années deux milles, tout ce qui touche de près ou de loin à l’art, à la littérature, à la culture, aura eu à faire avec Berlin. Vingt ans après, que reste-t-il de cette vaste migration vers ce qui semblait devoir devenir le Montparnasse du 21è siècle ? Arpentant avec ma complice Helke, le Berlin rêvé des Berlin Based, j’ai voulu faire le point avec quelques-uns d’entre eux, du DJ au philosophe, sur cette période exaltante au cœur d’une ville encore meurtrie mais que nous avions appris à aimer. Tout cela ne fut-il qu’un exil d’enfants gâtés de la culture ? ou bien une utopie fugace, fragile, et dont le délitement inexorable nous regarde tous…
Sa lumière, ses bars enfumés, ses terrains vagues : de Berlin, les personnes que nous rencontrons ici chérissent différents aspects. Vincent Dieutre met quelques visages et voix sur la multitude d’artistes qui s’y sont installés depuis la chute du Mur. En interrogeant chacun à la fois sur son arrivée et sur un potentiel départ, il dépeint la façon dont Berlin s’inscrit dans des histoires personnelles, qui se trouvent en retour imprégnées par l’histoire d’une ville. Ce que chacun raconte, avec ses mots et sa sensibilité propres, c’est aussi ce qu’elle lui a appris – le vocabulaire des sentiments de la langue allemande, la force de vivre dans le froid ou dans la précarité. Comme par clin d’oeil à la structure des guides touristiques, le cinéaste avance de quartier en quartier. Sa voix, qui nous guide, s’exprime avec un recul qui permet l’analyse, mais ne se prétend en rien extérieure à son sujet : Vincent Dieutre est aussi de ceux qui ont régulièrement posé leurs valises à Berlin. L’"autre" de ce récit, ce ne sera donc pas lui, mais Helke, une "vraie" Berlinoise qui a vu ces étrangers plus ou moins bohèmes arriver dans sa ville et influer sur son cours avant de repartir – non sans avoir contribué à faire flamber les prix de l’immobilier. Apparaissant comme un spectre dans les rues et les appartements, elle apporte un contrepoint silencieux aux paroles des expatriés, comme si elle incarnait cette ville affectée, pour le meilleur et pour le pire, par des dynamiques globales aussi intenses que changeantes, caractéristiques de notre époque. Olivia Cooper Hadjian
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