
[English below]
C’est lors de la visite de l’exposition Qu’est-ce que la sculpture moderne ? au Centre Pompidou (3 juillet - 13 octobre 1986), en compagnie de Didier Bozonet, que je rencontre Samuel Fort. Attirés par sa beauté, nous lui proposons de participer comme mannequin à un défilé de mode que je prépare, mêlant costumes et mise en scène. Cette rencontre marque le début d’une amitié profonde : Samuel devient un compagnon déterminant et l’objet d’un amour passionné. Il incarnera plusieurs rôles dans mes premiers films, contribuant à au développement de mon univers cinématographique.
Cette photographie appartient à une série réalisée à l’été 1989, alors que mon amie Murielle Hladik me prête un studio en rez-de-chaussée, situé dans une cour de la rue de Montreuil à Paris. Dans cet atelier, j’invite des proches à poser pour des séances de pause, explorant le portrait en noir et blanc.
It was during a visit to the exhibition What Is Modern Sculpture? at the Centre Pompidou (July 3 – October 13, 1986), accompanied by Didier Bozonet, that I met Samuel Fort. Drawn to his beauty, we invited him to take part as a model in a fashion show I was preparing, blending costumes and staging. This encounter marked the beginning of a deep friendship: Samuel became a pivotal companion and the object of a passionate love. He would go on to play several roles in my early films, contributing to the development of my cinematic universe.
This photograph is part of a series taken in the summer of 1989, when my friend Murielle Hladik lent me a ground-floor studio in a courtyard on Rue de Montreuil in Paris. In this workshop, I invited friends to pose for portrait sessions, exploring black-and-white portraiture.
« Revoir une image », c’est parier sur un retour vers une photographie issue de mes archives, réalisée par moi-même ou un membre de ma famille, ou un.e ami.e. À chaque image, j’adjoins un commentaire, une légende aussi factuelle que possible, pour faire émerger, du souvenir, la présence d’un instant suspendu à l’oubli.
Le geste de « revoir une image » devient ici une tentative de réactiver la mémoire enfouie, non pas en la forçant, mais en la laissant émerger à travers une description. Cette démarche invite à interroger le rapport entre l’image, l’oubli, et le souvenir : que reste-t-il d’un instant photographié lorsque les émotions qui lui étaient liées s’estompent ? En adjoignant une légende factuelle, je propose un « lieu » qui permet à l’image de « parler » par elle-même, libérant une interprétation plus universelle. Cet « instant suspendu » devient alors un point de rencontre entre un regard passé et présent, mais aussi entre l’intime et le collectif.