Ensemble de films courts de repérages réalisés en juin 2015 dans la ville de Gibellina Nuova (Sicilia) et dans la sculpture monumentale de Alberto Burri Grande Cretto, à l'emplacement du village de Gibellina Vecchia, détruit par un tremblement de terre en janvier 1968.
Gibellina Nuova : une cité idéale entre ruines et renaissance
Gibellina Nuova est une ville née de la tragédie et de l’espoir. Construite pour reloger les habitants de l’ancienne Gibellina, détruite par le tremblement de terre dévastateur de 1968 dans la province de Trapani, en Sicile, cette ville incarne à la fois une utopie architecturale et un hommage poignant à la mémoire collective. La reconstruction de Gibellina Nuova a rassemblé l’élite des architectes italiens, qui ont tenté d’inventer ex nihilo une cité idéale, appliquant à l’échelle d’un village les principes d’urbanisme de la postmodernité. Sous l’impulsion du maire de l’époque, Ludovico Corrao, la ville est devenue un laboratoire artistique et architectural, où l’art et la vie quotidienne se mêlent pour redonner sens à un territoire meurtri.
Une ville-musée à ciel ouvert
Gibellina Nuova est construite autour de places et de monuments qui commémorent l’ancienne Gibellina. Certains de ces monuments intègrent des fragments des ruines de la ville détruite, créant un lien tangible entre le passé et le présent. Ludovico Corrao a également invité des artistes de renommée internationale à travailler in situ, transformant la ville en une œuvre d’art collective. Parmi ces interventions, l’une des plus marquantes est celle de l’artiste Alberto Burri, qui a réalisé une œuvre monumentale à quelques kilomètres de la ville nouvelle, sur le site de l’ancienne Gibellina. Intitulée Cretto di Burri, cette installation recouvre les ruines du village d’un linceul de béton blanc, préservant partiellement le tracé des rues et des maisons. Cette immense sculpture paysagère, à la fois sobre et émouvante, offre une expérience sensorielle et mémorielle d’une intensité rare.
Un lieu d’inspiration narrative
Gibellina Nuova est bien plus qu’un simple décor : c’est un lieu qui inspire la fiction. Ses places, ses monuments et ses cheminements urbains semblent porter en eux des récits en sommeil, prêts à se réveiller au contact des personnages qui les traversent. La ville propose des rencontres allusives, des collisions narratives, et son inachèvement même devient une invitation à poursuivre le geste allégorique qu’elle incarne. C’est cette dimension poétique et narrative qui en fait un cadre idéal pour la première partie du scénario de Wuppertal, un projet qui s’est un temps intitulé Isola. Dans cette histoire, Gibellina devient le point de départ d’une quête à la fois personnelle et universelle, où les lieux et les mémoires s’entrelacent.
Gibellina dans mes travaux précédents
Ces lieux ont déjà fait l’objet de deux tournages pour mes films précédents : Si c’est une île, c’est la Sicile et L’amour moderne [le jour la nuit]. Ces expériences ont renforcé mon attachement à Gibellina, non seulement pour son potentiel visuel et scénique, mais aussi pour sa capacité à incarner des thèmes qui me sont chers : la mémoire, la reconstruction, et la manière dont les lieux façonnent nos récits intimes. Dans Wuppertal, Gibellina devient le point de départ d’un voyage qui traverse plusieurs villes et plusieurs époques, mais qui reste ancré dans cette idée de quête et de transformation.

Gibellina Nuova est bien plus qu’une ville : c’est un symbole de résilience, un laboratoire artistique et un espace narratif à part entière. En choisissant ce lieu comme point de départ de Wuppertal, je cherche à explorer comment les lieux peuvent devenir des personnages à part entière, porteurs d’histoires et de mémoires. Gibellina, avec ses ruines et ses rêves, ses monuments et ses espaces inachevés, incarne parfaitement cette idée d’une quête qui se déploie à travers les paysages et les âmes.
Ce film a été conçu pour présenter les lieux de tournage du film ISOLA en réutilisant les rushs du film Si c'est une île c'est la Sicile (tournage avril 2012). 
Avec Liliana Scuderi, Manuela Lo Cascio, Salvatore Sclafani et Mario Trentanelli.
Musique : Andrea Laszlo De Simone, Sogno l'amore.
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