LINA BO BARDI : ENSEIGNEMENTS PARTAGÉS
RÉCIT D’UNE FABRIQUE
Parmi les femmes architectes de sa génération, Lina Bo Bardi (née à Rome en 1914 - décédée à São Paulo en 1992) a longtemps été la moins connue. Comparée à des figures comme Charlotte Perriand, Ray Eames, Jane Drew, Aino Aalto ou Alison Smithson, auxquelles la critique a consacré de nombreuses pages dans les livres et manuels, Lina Bo Bardi est restée durant une longue période une créatrice « de niche ». Et ce, malgré une œuvre architecturale conséquente — près d’une vingtaine de bâtiments réalisés, incluant maisons, musées, théâtres, églises, centres culturels et sportifs — qui la place parmi les femmes architectes les plus prolifiques du XXe siècle.
En s’appuyant sur l’important travail historique mené par l’Oficina Bo Bardi, groupe de recherche du Département d’architecture de Roma-Sapienza, l’exposition Lina Bo Bardi : Enseignements partagés prolonge la connaissance de cette œuvre majeure de l’architecture moderne du XXe siècle. Elle va au-delà de la simple fascination exercée par cette « pionnière », redécouverte à l’occasion du vingtième anniversaire de sa mort et du centenaire de sa naissance.
Lina Bo Bardi : Enseignements partagés s’appuie sur une approche empirique de son œuvre, en privilégiant la médiation pédagogique pour en favoriser la compréhension et la transmission.
Outre les dessins, ouvrages et revues réunis dans le centre de documentation conçu à cet effet, l’exposition est composée d’objets — maquettes, meubles, structures, design graphique, kirigami — spécialement conçus et réalisés en 2016-2017 dans le cadre des enseignements de l’ENSA Paris-Belleville et de Roma-Sapienza. Ces objets entrent en résonance avec le regard d’un photographe — quatorze photographies des œuvres paulistes de Lina Bo Bardi, réalisées en 2013 par Alessandro Lanzetta — et celui d’un cinéaste — onze films d’Arnold Pasquier, produits en 2016-2017. Ces films constituent à la fois une méta-narration de l’exposition, capturant les discussions entre enseignants et les gestuelles des étudiants, mais aussi une immersion dans les lieux de vie et les œuvres de Lina Bo Bardi, à Rome et à São Paulo. Ils incluent des portraits et témoignages de celles et ceux qui l’ont connue ou étudiée, ainsi que des chorégraphies de danseurs traversant ses espaces.
Vingt-huit enseignants et cent quarante-deux étudiants, dont certains issus d’universités partenaires internationales, ont participé à ce projet polyphonique. Nous invitons ainsi le spectateur à découvrir cette exposition dans un parcours non linéaire, lui permettant de composer librement sa propre lecture de la figure et de l’œuvre de Lina Bo Bardi.