1987 • Vidéo Umatic • deux versions : 115’
avec Anne Zamberlan, Angela Allegrezza, Samuel Fort, Didier Bozonet, Caroline Maillard, Philippe Diaz.
Musique : The Cure, The Animals, Marlène Dietrich, Philipp Glass, Léo Ferré.
Un homme et une femme à Paris, entre désirs et répulsions. Une autre femme en Italie, à retrouver.
A man and a woman in Paris, between desires and repulsions. Another woman in Italy, to be reunited.
Ce film, tourné en montage caméra, sans scénario préalable, réunit un groupe d’amis autour d’un appartement au 34 rue des Haies, à Paris. C’est le logement de Samuel Fort, acteur et personnage central d’une chronique sentimentale où les corps se cherchent, se désirent, se repoussent.
Le récit se déploie en plusieurs parties : d’abord Paris, puis Senigallia en Italie, avant un retour dans un cinéma de banlieue, Le Palace à Brunoy, puis une ultime séquence dans un escalier du boulevard Richard Lenoir. Deux femmes habitent successivement l’esprit de Samuel, l’occupent et l’appellent.
Ce film est une tentative de capturer l’admiration, l’amour, l’élan vers ces amis qui deviennent personnages par l'intercession d'une fiction écrite à leurs côtés. Il est imparfait, construit de scènes qui s’enchaînent sans toujours se répondre, mais où surgissent parfois des instants de grâce. Moments de cinéma brutal, où la beauté d’un visage, sa présence fugitive, transpercent l’objectif d’une caméra forcément amoureuse.
Présenté tel qu’il a été tourné en 1987, sans montage, il en conserve les scories et les promesses.
Extrait de la conférence "Ce que l'architecture me fait", présentée à l'école d'architecture de Paris-Belleville, le jeudi 28 mars 2019.
1987, retour à Senigallia.
L’année suivante, je reviens à Senigallia, accompagné de Samuel Fort. Je veux y tourner la dernière partie de ce qui constitue, de fait, mon premier long métrage, réalisé à Paris avec un groupe d’amis : Anne Zamberlan, Didier Bozonet, Caroline Maillard, Philippe Diaz et Samuel Fort. Senigallia en sera l’épilogue. Nous y retrouvons Angela, affaiblie, que je convaincs de jouer encore quelques scènes pour ce qui, rétrospectivement, devient un « Adieu ».
L’extrait que je vous présente a été filmé dans un autre lieu emblématique de cette ville de la côte adriatique:  la Rotonda. Cet établissement balnéaire, construit dans les années 1930, est en 1987 à l’abandon, après avoir abrité une salle de jeux qui a périclité. Ses portes resteront closes jusqu’en 2006, date à laquelle elle renaîtra après une importante restauration.
La Rotonda habite mes films. Comme le marché de Senigallia, elle traverse mes images, réapparaît dans le scénario de Wuppertal, ou encore en photographies dans La mezzanine basse.
Deux ans plus tard, Angela meurt dans un accident de voiture sur une route d’Autriche. Je suis bouleversé, désemparé. Mais il faut continuer à faire des films, sans elle. Et quoi d’autre, sinon ces lieux que nous avons traversés ensemble, pour continuer à nous projeter — ensemble — dans le cinéma ? C’est sans doute à ce moment-là que certains décors ont cessé d’être de simples cadres, pour devenir l’architecture même de mes films.
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