2008 • Vidéo numérique • 15’
Captation du solo de la danseuse chorégraphe Maria Donata D’Urso.
Maria Donata d’Urso : conception, chorégraphie et interprétation
Caty Olive : création lumière
Vincent Epplay : création sonore
Maria Donata d’Urso et Jérôme Dupraz : scénographie
durée du spectacle : 50 minutes
coproduction : disorienta
Lapsus est une miniature enserrée dans un anneau de deux mètres de circonférence, disposé au centre de la scène. Un corps nu, celui de la chorégraphe, une lumière qui le détaille en tranches singulières, étranges, inédites, de dos ou de profil.
Lapsus is a miniature enclosed within a ring measuring two meters in circumference, placed at the center of the stage. A naked body, that of the choreographer, illuminated in a way that reveals it in singular, strange, and unprecedented slices, from the back or in profile.
Lapsus est un solo chorégraphique de Maria Donata D’Urso, explorant la relation entre le corps, l’espace et la perception. La peau y est conçue comme un prisme sensoriel, révélant les tensions entre intérieur et extérieur, entre équilibre et déséquilibre.
La captation filmique, réalisée dans un dialogue étroit entre la chorégraphe et le cinéaste, ne se limite pas à documenter une performance : elle devient une réécriture visuelle, où l’image capte les instabilités, les glissements imperceptibles, et les vibrations du mouvement dans l’espace. Loin d’être un simple décor, l’environnement devient un territoire mouvant, sculptant le corps et amplifiant ses résonances à travers des pulsations lumineuses et sonores.
Le film interroge ainsi la manière dont le regard saisit un corps en transformation, jouant sur le flou, la mise au point et les éclats de lumière. L’espace n’accueille plus seulement la danse : il devient un partenaire actif, où chaque accident, chaque dérive, chaque fragment de peau raconte une histoire en suspens, toujours en devenir.
« Comment travaille notre perception dans le soi-disant intérieur ou extérieur porte à élargir la notion de limite. La recherche d’une nouvelle écriture d’un troisième solo tente de déployer l’espace insaisissable de la relation perceptive à l’autre et interroge les enjeux du rapport entre la présence du corps et l’espace dans lequel il est. Le corps est traité dans son aspect le plus entier en intégrant tous les domaines sensibles, les divers niveaux de sensation. Une attention particulière est portée à l’espace qui entoure le corps : son contour, ses vides, ses ombres, le volume qui l’enveloppe. L’arrière-plan n’est pas seulement un décor passif, mais une matière dynamique qui interagit avec le mouvement du corps, devenant sujet, texture vivante. » Maria Donata D’Urso
J’ai rencontré Maria Donata D’Urso alors que je dansais pour Gérard Gourdot au début des années 90. Une amitié est née, qui nous a conduits à collaborer régulièrement dans nos projets respectifs. Lorsqu’elle m’a proposé de réaliser cette captation de son solo, nous avons cherché à resserrer son écriture pour en faire un film à part entière.
Tout commence par la peau : une surface réceptive où s’inscrivent les traces du dedans et du dehors, les courants, les tensions. Pour Maria Donata D’Urso, la peau est plus qu’une frontière, c’est un prisme qui révèle un corps en perpétuelle transformation, soumis à l’éphémère. Chacune de ses créations cherche à brouiller les repères, à interroger le regard qui tente de déchiffrer un corps en mouvement.
Avec Lapsus, elle approfondit les relations entre l’espace intime, révélé par la peau, et l’espace environnant, traversé par des pulsations lumineuses et sonores. Le corps n’est plus seulement une forme soumise à la gravité : posé sur une surface courbe, il dialogue avec son environnement, résonne avec ce qui l’entoure. L’espace devient un territoire mouvant, une chambre d’écho où se déploient des accidents imperceptibles, des glissements, des basculements entre équilibre et déséquilibre. L’image capte ces instabilités, jouant sur les flous, les mises au point, les éclats de lumière. L’espace ne se contente plus d’accueillir le mouvement : il le sculpte, le prolonge, l’amplifie.
En filmant Lapsus, j’ai cherché à accompagner cette vibration du corps et de l’espace, à révéler ce qui échappe au regard autant qu’à le fixer. La caméra ne capture pas seulement une performance : elle devient un partenaire de jeu, un témoin du dialogue incessant entre le corps, la peau et l’air qui l’entoure.
"Lapsus : ce qui se dérobe à la conscience, qui glisse imperceptiblement vers l’inconnu. Ce qui dérive, qui vient affleurer à la surface du langage - sens provisoire et flottant, cherchant un geste, une zone vacante pour inscrire sa marque. La peau murmure ; les recoins, les creux, les écoulements viennent se dire dans une langue de l’évanescence du sens, capable de révéler un détail, d’extraire une figure, ou de saisir un plan d’ensemble et de révéler la globalité de l’image. Le sens n’est jamais acquis. En construction dans un espace propre au désir, il caresse un corps ouvert à la multiplicité." Gilles Amalvi
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