UN FILM-INSTALLATION DE FRANK SMITH
30', 2018
Image et montage : Arnold Pasquier
Son : Gilles Mardirossian
Mixage : Ivan Garriel
Production : Les Films du Zigzag avec l'aide du Centre Pompidou et l'aide du DICRéAM (Centre National du Cinéma).
Une installation consacrée aux premier réfugiés climatiques des États-Unis (Climigration).
Dans le discordant entre la faculté de voir et la faculté de penser, ce à quoi de toute façon l'on assiste de nos jours c'est à la rupture du lien de l'homme avec le monde et c'est elle qui met la pensée elle-même hors du savoir et hors de l’action. 
Pour documenter l'état de sursis où est enfermée la communauté des Indiens d’Isle de Jean Charles, Louisiane, menacés de déportation (re-settelement’) et désignés « premiers réfugiés climatiques des Etats-Unis », Le Film de dehors tente d’inventer par l’image une poétique de la circulation jusqu’à sa disparition. Avec cette hypothèse, aussi subversive que l’éclatement des mondes humains autochtones, qui se tiendrait ailleurs que sur la triple frontière initiale entre film, langage et réel : un déplacement vers un quatrième genre de connaissance, une nouvelle "pensée de l’image" sans nom, dont cet objet étrange, Le Film du dehors, constituerait en quelque sorte un possible traité.
Isle de Jean Charles est une étroite langue de terre située aux confins de la Louisiane, à deux heures au sud-est de La Nouvelle-Orléans. Elle est la première victime d’une érosion côtière qui ronge la région depuis des siècles, décuplée par les effets des tempêtes et des ouragans qui balaient régulièrement le Golfe du Mexique. Avec elle, une communauté d’Indiens Biloxi, Chitimacha et Choctaw, issus de la Nation Houma, s’enfonce inexorablement. 
Aujourd’hui, la communauté d’Isle de Jean Charles ne compte plus que 25 familles et se voit dans l’obligation de quitter son territoire sous la pression du gouvernement américain : une aide fédérale de 48 millions de dollars au nom du réchauffement climatique a été votée en janvier 2017 par le Department of Housing and Urban Development afin de procéder à leur « réinstallation » (resettlement), prévu au printemps 2018, et de leur permettre l’acquisition de trois terrains sur la terre ferme ainsi que la construction d’habitations éco-responsables. 
Cet apport se veut « un grand soulagement » selon les autorités locales chargées d’administrer le projet. Pourtant, alors que la Tribu d’Isle Jean Charles fait les manchettes des journaux nationaux gratifiant ses membres du titre de « premiers réfugiés climatiques officiels de l’Amérique », elle est confrontée au dilemme : rester et continuer à s’adapter comme le souhaite la majorité des anciens — au risque de disparaître définitivement — ou partir — au risque d’assister au démantèlement de la communauté, et donc à la dissémination de traditions, de religion, de langue, d’une culture. 
Après la parution de Katrina, Isle de Jean Charles, Louisiane (Éditions de l’Attente, 2013), qui donnait à entendre ces paroles, Le Film du dehors (2018) cherche à fixer cet espace précaire au bord de l’abandon, ses fragments épars, ses tôles rouillées et ses tasseaux rongés entre azur et macadam, au rythme du parcours fait et refait sur Island road.
Sélectionné au Lanus International Film Festival (Mars 2018, Argentine), Sapporo International Short Film Festival (October 2018, Japon), Jaipur International Film Festival (January 2019, Inde), Festival de Cine de La Almunia (Espagne), Fondation Salomon (Annecy), Art Pur Gallery (Riyad, Arabie Saoudite), Hafez Gallery (Djeddah, Arabie Saoudite)...
Tournages Isle de Jean Charles, Louisiane. 2 et 3 novembre 2017
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