Montage des images du diaporama Paramount, 20 août 2010

Mercredi 29 septembre 2010 - La fémis, Paris • 30' • Diaporama • Musique jouée en direct
Projection de photographies, concert de Gérald Kurdian (This is the Hello Monster !).
Une idée de Frank Smith.
Des photographies pour évoquer un film qui se déroule.
Au hasard d’un blog, je trouve une photographie postée, puis une autre. Je devine qu’elles se suivent, qu’elles forment une séquence. Elles me trouvent et deviennent, dans un agencement en mouvement, le déroulé d’un film désiré.
Paramount est une collection en ce qu’elle rassemble, en un même lieu, des photographies ordonnées selon un parcours de visite. Elles proviennent d’un ensemble plus vaste : celui de la toile et de ses flux, où elles circulent, où elles attendent plutôt que l’on vienne les ouvrir. Lorsque je les découvre, elles illustrent des albums d’images sur des blogs où chaque internaute, sous un pseudonyme, compose son autoportrait impressionniste à force de représentations idéales, elles-mêmes empruntées à d’autres blogs, dans une circulation ininterrompue des images.
C’est là qu’elles me trouvent autant que je les découvre. J’y reconnais un désir de projection, comme l’évidence d’un film de fiction qui existerait à l’état naturel et qui n’attendrait qu’une caméra pour commencer son récit. Je les invite alors dans une séquence, leur ordre s’organise par association, par résonances. Elles évoquent, le temps de leur apparition à l’écran, une promesse de cinéma.
Elles ne peuvent être fixées, tirées sur papier, accrochées à une cimaise. Je n’en ai pas le droit, et ce serait contredire leur origine ambulante, page après page, post après post, se dispersant dans les archives des blogs. Le diaporama restitue un peu de cet éphémère de la présence. Ce qui m’appartient alors, ce n’est pas l’image elle-même, mais un sentiment mobile, une reconnaissance, l’impression partagée d’un monde commun, qui construit, dans le mouvement du film qui se déroule, le récit d’un monde désiré.
“On joue à un nouveau jeu, sur une nouvelle plateforme. On fait du cinéma. D’un côté, des images pasquiériennes, presque aériennes tant la nostalgie, la légèreté, un désir d’affleurement de corps inconnus les touchent de près. De l’autre côté, un flux musical et chanté très kurdianesque, c’est-à-dire haut (en couleur), bas (doucement) et fragile (en action sensible). Paramount est un diaporama musical, un assemblage images/sons où des photographies empruntées à la toile collent, rigoureusement, à des mélodies sonores. Cela se déroule, cela déplie nos vies de ne jamais finir d’aimer.”
Frank Smith
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