1987 • Super 8 • 10’
avec Samuel Fort
Musique : John Lurie, Screaming Jay Hawkins
Un portrait de Samuel Fort, dans son appartement, 34 rue des Haies, à Paris.
A portrait of Samuel Fort, in his apartment at 34 rue des Haies, Paris.
J’ai découvert Chantal Akerman le même jour que Pina Bausch. C’était en 1986, ou peut-être 1987. Je me rends chez mon ami Samuel Fort, au 34 de la rue des Haies, à Paris. Il habite un appartement aménagé dans une ancienne menuiserie, je crois, au rez-de-chaussée d’une maison de maître en fond de parcelle.
J’entre dans son salon. La lumière est allumée, la télévision aussi. Samuel n’est pas là. Nous n’avions peut-être même pas rendez-vous. Je l’attends. Il ne rentrera pas.
La télévision est installée en hauteur, au niveau de son lit en mezzanine. Mon regard est attiré par des images : un groupe de danseurs vêtus de noir tourne en rond en chantant, cadré par l’ouverture d’une porte. « Komm tanz mit mir, komm tanz mit mir ! » Je ne connais ni ce que je vois ni qui je regarde, mais je ne quitte pas des yeux ce documentaire sur une chorégraphe allemande.
C’est Pina Bausch et le Tanztheater de Wuppertal, dans Un jour Pina a demandé… de Chantal Akerman.
Ce film a changé ma vie. Chantal Akerman aussi.
« Le regard est une variante de la palpation tactile, il enveloppe, palpe, épouse les choses visibles […] Il y a empiètement, enjambement, non seulement entre le touché et le touchant, mais aussi entre le tangible et le visible.» Le visible et l’invisible Maurice Merleau-Ponty.
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