Les travaux présentés dans l'onglet ENSEIGNEMENTS sont le résultat d’ateliers de réalisations (cours, workshops) proposés aux étudiants d’écoles de design et d’architecture. Les thématiques abordent la question du corps et de leurs représentations en relation à l’espace et à l’architecture.
Réalisation d’un film collectif : arts-plastiques et visuels/vidéo - L2
Enseignants : Jean-Luc Bichaud / Miquel Mont / Arnold Pasquier – 2016/2017
Montage à partir de deux films : 16’36
L’exercice propose de réaliser un portrait original et inédit de l’école de Paris-Belleville.
Contexte et objectifs pédagogiques
Cet atelier propose une immersion dans le bâtiment de l’École nationale supérieure d’architecture de Paris-Belleville à travers la réalisation collective d’un film en plusieurs épisodes. À la croisée de l’architecture et des arts visuels, ce projet met en lumière :
• La richesse narrative et sensorielle des espaces architecturaux grâce à l’exploration filmique.
• Les potentialités créatives du travail collectif dans une structure contrainte, mais expérimentale.
• La maîtrise des outils cinématographiques et leur articulation avec des thèmes spécifiques liés à l’espace, la matière et la lumière.
• Le jeu des transitions dans la continuité narrative, malgré l’isolement des groupes de production.
L’exercice repose sur l’interprétation et la mise en scène d’un lieu comme protagoniste central. Chaque groupe est responsable d’un épisode thématique, mais l’ensemble doit former une œuvre cohérente, où chaque fragment enrichit l’exploration globale du bâtiment de l’école.
Qu’est-ce qu’un « Cadavre-Exquis » ?
Le « cadavre exquis » est un jeu littéraire inventé par les surréalistes au début du XXᵉ siècle. Ce procédé collaboratif repose sur une écriture collective et fragmentée, où chaque participant ajoute un élément à une création commune sans connaître ce qui a été écrit ou dessiné auparavant. Le nom provient d’une des premières phrases obtenues par ce jeu : « Le cadavre exquis boira le vin nouveau ».
Origine littéraire et artistique
Ce jeu naît dans le sillage du mouvement surréaliste, initié par André Breton et ses contemporains dans les années 1920. Dans un contexte marqué par une recherche de nouvelles formes d’expression libérées des contraintes rationnelles, le « cadavre exquis » devient un outil d’expérimentation :
• Littéraire : Les participants écrivent à tour de rôle sur une feuille pliée de façon à cacher les contributions précédentes.
• Graphique : Ils dessinent des parties d’une figure sans voir l’intégralité, produisant des assemblages visuels inattendus.
Le « cadavre exquis » traduit une volonté de laisser parler l’inconscient collectif et d’explorer l’imprévisible. Pour les surréalistes, cette méthode offrait un moyen de rompre avec les conventions narratives ou visuelles et d’explorer des formes inédites d’harmonie ou de chaos.
Pourquoi intégrer ce procédé dans un film collectif ?
Dans le cadre de cet atelier, le « cadavre exquis » devient une métaphore pour explorer l’espace architectural de manière fragmentée mais cohérente. Tout comme dans les œuvres surréalistes, l’enjeu est de créer des passages fluides entre des visions individuelles tout en permettant à chaque groupe d’apporter sa singularité. L’absence de communication directe entre les équipes réintroduit une part de hasard et de surprise dans la réalisation, tout en révélant la richesse des imaginaires combinés.
Consignes générales
• Principe du cadavre exquis : Chaque groupe produit un épisode sans connaître les réalisations des autres. La cohérence repose sur des contraintes collectives et la coordination en amont.
• Cadre de tournage : Les films doivent être tournés exclusivement dans l’enceinte de l’école.
• Durée des épisodes : Entre 2 et 5 minutes.
• Structure du film :
Le premier épisode ouvre le récit.
Le dernier conclut l’œuvre.
Les épisodes intermédiaires développent une trajectoire narrative ou descriptive dans le bâtiment.
Thèmes à explorer
Chaque groupe choisit un thème parmi les propositions suivantes :
1. Nature : Jardins, espaces délaissés ou éléments végétalisés de l’école.
2. Couleurs : Étude des teintes et textures dans le bâtiment.
3. Sous-sols : Exploration des espaces en dessous du niveau principal (sous supervision).
4. Transparences : Jeux de reflets, fenêtres, et volumes transparents.
5. Toits : Découverte des espaces en hauteur (sous supervision).
Contraintes de réalisation
1. Unité du film collectif :
• Cohérence esthétique : couleurs, lumière et son doivent s’intégrer harmonieusement dans l’ensemble.
• Respect du thème : chaque épisode doit développer son sujet clairement, en accord avec l’intention globale.
2. Transitions : Les premiers et derniers plans de chaque épisode doivent anticiper une liaison formellement fluide avec les segments voisins, sans connaître leur contenu exact.
3. Esprit collectif : Bien que chaque groupe travaille indépendamment, le projet doit être conçu comme une œuvre collective. Un épisode « hors sujet » (par exemple, utilisant un style radicalement différent, le noir et blanc) risque de rompre l’harmonie.
Enjeux pédagogiques approfondis
Cet atelier permet aux étudiant·e·s de :
• Expérimenter l’architecture comme espace narratif et sensoriel.
• Développer des compétences audiovisuelles : cadrage, montage, gestion du son et rythme narratif.
• Collaborer dans un cadre collectif structuré, tout en valorisant des contributions individuelles.
• Explorer le bâtiment de l’école de manière inédite, en en révélant des dimensions souvent méconnues.
• Stimuler l’imaginaire collectif, tout en s’inscrivant dans une réflexion méthodique sur les contraintes et libertés propres à un projet artistique.