Tourné de page

Réalisation : Arnold Pasquier. Prise de son : Christophe Atabekian

Tourné de page propose une rencontre entre des extraits du scénario du long métrage WUPPERTAL et le « tourné de page » de deux recueils de gravures : Roma Æterna de Petri Schenkii (Peter Schenk), 1705, et Raccolta di num. 320 vedute si antiche che moderne della città di Roma e di alcuni luoghi suburbani, un ensemble de 80 planches gravées à burin, édité en 1820 par la Calcografia di Agapito Franzetti, réunissant les œuvres d’Agapito Franzetti, Giovanni Battista Cipriani, Domenico Pronti, Francesco Barbazza, François Morel, Jean-Jérôme Baugéan et Antonio Porretta.

Les lieux du récit — Sicile, Italie continentale, Brésil, France, Allemagne — sont évoqués à travers des extraits du scénario, mis en résonance avec ces gravures du XVIIIe et XIXe siècles. Cette juxtaposition produit une rencontre fortuite, un frottement entre des paysages éloignés qui génère un troisième lieu : ni tout à fait celui du film en devenir, ni celui représenté dans les images, mais un espace flottant, où l’architecture postmoderne d’un village sicilien dialogue un instant avec l’arc de triomphe de Septime Sévère à Rome.

La voix des lecteurs, en énonçant ces fragments, devient une présence à part entière : une porte d’entrée dans la fiction, l’incarnation possible d’un personnage franchissant le seuil d’un parc, d’un ancien cinéma ou d’une pâtisserie, un matin à sept heures. Dans le sillage de cette voix s’ouvre la possibilité d’un film écrit qui fait image. Et dans l’imagination du spectateur, invité à s’asseoir dans la Machine de Peur, surgissent de nouveaux fantômes.