Wuppertal est une histoire d’écriture. Tout d’abord, c’est une ville d’Allemagne, siège du Tanztheater, la compagnie de danse fondée en 1972 par Pina Bausch. J’y ai fait de nombreux séjours, pour assister à des spectacles, et pour y tourner des films.
Ce nom de ville a fini par agréger différents projets de courts et de moyens métrages, assemblés sous le projet de Wuppertal, un film écrit que je présente en 2018 pour l’obtention d’une bourse d’écriture auprès de la Région Île-de-France. À cette occasion, j’organise un atelier et une exposition à l’école d’architecture où j’enseigne, qui accueille ce projet en écriture. Ce sont le workshop La Machine de peur et l’exposition Wuppertal, un film exposé.
Je parle d’assemblage, car le récit se déploie sous la forme d’épisodes, dont certains, comme ceux de Gibellina ou du Havre, ont fait l’objet de projets de films autonomes. Faute de production et de financement, ils ont ensuite été intégrés à un récit plus vaste, où les personnages circulent d’une ville à l’autre, d’un pays à l’autre, à la manière d’une grande fresque, d’une série dont tous les épisodes seraient contenus dans le même mouvement.
Dès lors, ce scénario, qui portait en lui une dimension romanesque – une liberté que je prends pour élargir la fiction sans la restreindre aux contingences économiques de production – s’éloigne encore davantage du cinéma pour se déployer du côté du texte. Depuis, il est toujours en cours d’écriture. J’y travaille régulièrement, par à-coups, poussé par une idée nouvelle ou une impulsion soudaine, avant de le laisser de côté. C’est un roman qui m’attend.
Aujourd’hui, il s’agit d’un tapuscrit d’environ 200 pages où sont consignés beaucoup de ce qui m’importe : les villes, nombreuses (Gibellina, Rome, São Paulo, Belo Horizonte, Le Havre et Wuppertal), les corps, l’amour et la danse. Les pages de cet onglet de mon site restituent le projet dans sa forme de scénario, telle qu’elle a émergé après l’expérience pédagogique menée à l’Ensa de Paris-Belleville. Mais le texte se déploie toujours, entre une vallée d'Uberlãndia au Brésil et un bassin du Havre.
a.p. jeudi 31 janvier 2025
WUPPERTAL raconte l’histoire de personnages en quête d’une présence à embrasser. Qu’il s’agisse du tracé singulier d’une ville moderne en Sicile, de la mémoire d’un ancêtre à retrouver en Italie, ou de la rumeur d’une histoire d’amour entre Pina Bausch et Rainer Werner Fassbinder au Brésil, les lieux se dévoilent comme des palimpsestes à déchiffrer pour comprendre le sens de leur quête. Gibellina, Rome, Senigallia, São Paulo, Belo Horizonte, Le Havre et Wuppertal dessinent une nouvelle Carte du Tendre, où chacun tente d’inventer une manière d’aimer.
Le scénario déploie un récit où les enquêtes des personnages se croisent et se répondent. Des singularités se rejoignent, des intuitions s’assemblent, des désirs se rencontrent. Les thèmes de l’architecture, de la ville, du théâtre et de l’amour tissent la trame de ces rencontres. Les corps s’effleurent, s’éloignent, se retrouvent ; les figures de l’absence apparaissent dans la lueur vacillante d’une lanterne magique avant de s’évanouir. Restent les paysages, ouverts à de nouvelles rencontres.
Le récit est long, probablement plus de huit heures de film. Il se conçoit comme une constellation d’expériences visant un même but : donner une forme à l’absence. Sa réalisation s’envisage comme une traversée, avec des escales. Certaines étapes sont des moyens-métrages : un décor unique, peu de personnages. D’autres parties s’étendent, explorant un ensemble complexe de lieux et de situations. Cependant, je conçois ce tournage avec une modestie de moyens, dans une attention aiguë aux lieux et aux moments. Si un soin particulier est apporté au cadre et à la mise en scène, c’est toujours dans un mouvement léger, dynamique, discret et mobile. Mon idéal serait une petite équipe très impliquée, avec un scénario comme point de référence, mais ouvert à la réinvention sur le plateau. La rue, le quartier, la ville deviennent alors des espaces d’émerveillement imprévus. C’est ce que je souhaite voir apparaître : un au-delà de l’histoire écrite, réinventé par les corps des acteurs, ces lieux aimés et la lumière.
À Gibellina, en Sicile, Damiano invite Marco pour une promenade architecturale dans cette ville nouvelle construite dans les années 1980. D’anciens amants, séparés depuis un an, ils se retrouvent sans que Marco ne comprenne vraiment les raisons de cette invitation.
À Rome, Angela arrive pour un voyage offert par son père, célébrant son diplôme d’architecture obtenu à São Paulo. Elle se rend à Senigallia, dans les Marches, d’où son ancêtre Romano a émigré au Brésil à la fin du XIXe siècle. C’est sur le marché de Senigallia qu’elle fera l’expérience intime de cette généalogie lointaine.
À São Paulo, au Brésil, Simone survit à l’incendie d’une discothèque. Son amie Martha lui propose un voyage à Belo Horizonte pour lui changer les idées, à la recherche du souvenir de la passion éphémère entre Pina Bausch et Rainer Werner Fassbinder en 1981. Alors que Simone ne trouve aucune trace de cette histoire, Angela, de retour d’Italie et en ville pour écrire un article sur Oscar Niemeyer, lui suggère de construire une lanterne magique pour faire apparaître ces fantômes allemands.
Au Havre, Angela étudie le Théâtre du Volcan, conçu par Niemeyer, où une troupe répète Le Soulier de Satin de Paul Claudel. Lorsque le metteur en scène disparaît, la troupe invite Angela à les rejoindre, affirmant que « construire une maison, c’est comme construire une pièce ».
Enfin, à Wuppertal, en Allemagne, Simone conclut son enquête sentimentale en se recueillant sur la tombe de Pina Bausch. Elle y rencontre Dominique, un interprète de la compagnie, qui l’invite à un cours de danse. C’est en répétant un mouvement de l’opéra-ballet Orphée et Eurydice de Pina Bausch que Simone comprend enfin ce qu’elle cherchait, ce qui le met en mouvement.
Divers moments de la rédaction du scénario en Sicile, Italie, Brésil et Allemagne.
2016-09-19-18:30-Palermo
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2016-04-21 17.44.24-Wuppertal
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2018-08-03 16.43.23-1
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2018-08-04 09.05.10-Belo Horizonte
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2018-08-07 17.49.17-Salvador
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2018-08-18 11.51.07-São Paulo
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2018-08-19 12.28.19-São Paulo
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2018-08-20 18.54.31-Salvador
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2019-07-07 07.37.08-Ancona
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2019-08-14 18.58.57
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Photographies de repérages en Sicile, Italie, Brésil, France et Allemagne.
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